L’organisation à but non lucratif Creative Commons se décrit comme proposant un juste milieu en terme d’offre de licences d’exploitation pour protéger une oeuvre entre, d’un côté, le contrôle extrême exercé par le monde du propriétaire et, de l’autre, une vision « anarchique » (sic) où les créatifs seraient sans protection juridique face à l’exploitation indue de leurs oeuvres. Creative Commons dit par ailleurs s’inspirer des communautés du Logiciel Libre. [1].
Que cette organisation se veuille inspirée par le mouvement du logiciel libre est un fait, cela n’engage en rien les utilisateurs de ces licences. On peut dès lors se demander ce qui se cache derrière un même logo qui renvoie à des licences tantôt libres, tantôt propriétaires ou indéfinies. Nous avons décidé de mettre en image les choix de licences faits par les créatifs pour voir si un contenu placé sous une des licences Creative Commons est plus fréquemment libre ou non libre. Vous aurez ainsi une petite idée de ce qu’il y a vraiment sous l’étiquette.
A partir des chiffres donnés en février 2005, et en appliquant les critères ci-dessous, voici la répartition de l’adoption des licences Creative Commons :
Source des données :
– http://lists.ibiblio.org/pipermail/...
Critères :
– Generic licenses [2] : creativecommons.org, www.creativecommons.org
– Free licenses [3] : GPL, LGPL, by, by-sa, sa, publicdomain
– Non-free licenses [4] : by-nc, by-nc-nd, by-nc-sa, by-nd, by-nd-nc, devnations, nc, nc-sa, nc-sampling+, nd, nd-nc, sampling, sampling+
Aujourd’hui, un logo Creative Commons renvoie, quelle que soit la source choisie :
– à une licence libre une fois sur quatre ;
– à une licence propriétaire trois fois sur quatre.
Entre trois et quatre fois plus de créatifs préfèrent les licences propriétaires aux licences libres.
Merci à OpenOffice.org pour les graphiques, Gimp pour le recadrage des captures d’écran, et à Melanie Dulong de Rosnay pour ses chiffres dans la liste de diffusion cc-fr.
[1] Lisons la source :
« Taking inspiration in part from the Free Software Foundation’s GNU General Public License (GNU GPL), Creative Commons has developed a Web application that helps people dedicate their creative works to the public domain - or retain their copyright while licensing them as free for certain uses, on certain conditions. »
[2] Générique car le lien qui pointe vers le site http://creativecommons.org ne pointe pas vers une licence en particulier, mais vers la page d’accueil. On ne peut faire guère plus que considérer que l’oeuvre est alors placée sous une des licences Creative Commons... Bien entendu, pour l’utilisateur, la prudence est de mise, il vaut mieux donc faire comme si cette licence était la proposition la plus restricive du panel « Creative Commons ».
[3] Free désigne ici la liberté de réutilisation des oeuvres de l’esprit, selon des définitions similaires à la Free Software Definition, l’Open Source Definition, les Debian Free Software Guidelines ou les libertés de la Licence Art Libre.
[4] Non-free signifie non libre, dans le sens où (au moins) une discrimination est faite sur :
– le contexte des usages de l’oeuvre (ex. : interdiction d’usage « commercial » pour la clause NC) ;
– les personnes qui font usage de l’oeuvre (ex. : discrimination anti-pays développés dans le cas de la licence « devnations ») ;
– la possibilité de faire des oeuvres dérivées (ex. : cas de la clause ND).